Mi amigo by William R. Burnett

Auteur:William R. Burnett [Burnett, William R.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature américaine, Western
ISBN: 9782330048297
Google: 8E3srQEACAAJ
Amazon: 2330048297
Éditeur: Actes Sud
Publié: 2015-07-15T12:21:32+00:00

11

Il était presque onze heures quand le sergent quitta le commandant, après une longue entrevue, et longea le champ de manœuvres pour rentrer chez lui. Il se sentait agréablement fatigué. Tout allait bien. Jusqu’aux renégats qui avaient réintégré la réserve et s’étaient rendus à la police apache, à demi morts de faim, châtiés comme ils le méritaient. Les conflits s’étaient apaisés autour de La Paz, une trêve paraissait désormais envisageable. Quant au reste, ce n’étaient que des affaires courantes de l’armée, à traiter avec les méthodes classiques.

Malgré tout, il y avait de l’agitation dans l’air. Des militaires en nombre grandissant étaient envoyés à Mesa Encantada sur la requête du gouverneur territorial, à mesure que les nouveaux arrivants, attirés par les mines d’argent récemment découvertes à Tarbush, affluaient depuis les quatre coins du pays. Les maigres forces du maintien de l’ordre dans le Territoire indien ne pouvaient tout simplement pas endiguer tous les problèmes liés à ce déferlement massif de population, et il était possible, oui, fort possible, que le commandant, qui avait accompli une belle carrière dans le Sud-Ouest, soit promu colonel, ou même brigadier général à titre provisoire, et placé à la tête de toutes les troupes de la région.

Le sergent était fier rien qu’à cette pensée et, tandis qu’il marchait dans la nuit fraîche du désert, avec les lumières du champ de manœuvres qui tremblotaient dans le vent de l’automne approchant, il se remémora l’arrivée du commandant à Mesa Encantada, presque sept ans auparavant. Le chemin de fer ne desservant pas encore la ville à l’époque, le commandant, dont l’allure et le comportement évoquaient davantage un officier étranger en permission qu’un futur combattant des Apaches, avait voyagé dans une grosse diligence escortée par un détachement de cavalerie. Derrière lui venaient des cow-boys engagés pour mener ses chevaux demi-sang et un chariot de l’armée transportant ses lévriers de course, convenablement installés dans des caisses pour supporter la longue route. Mais le plus inattendu, le plus surprenant, avait été de voir la commandante, dans une tenue éblouissante complétée par une ombrelle, descendre de la diligence au bras d’un aide de camp et jeter un regard indifférent sur cet endroit qui devait servir de tremplin à son époux, comme si sa gracieuse présence y était la chose la plus naturelle au monde.

Des Apaches aux visages impassibles étaient alignés le long de la route pour assister à l’événement, et ils ne s’en remirent jamais vraiment. Cheveux d’Or – ainsi qu’ils surnommèrent le commandant – les emplit à son insu d’un effroi mêlé d’admiration. Plus tard ce soir-là, sans qu’on les y invite, les chefs – conduits par le vieux Faucon des Montagnes – lui rendirent une visite solennelle. Le commandant n’eut aucun effort à fournir pour remporter la première bataille.

Les chevaux demi-sang et les lévriers n’appartenaient plus qu’au passé, mais le commandant était à présent une figure célèbre du Sud-Ouest. Pourtant, ni lui ni sa femme n’avaient changé en quoi que ce soit de remarquable ; ils avaient simplement vieilli. Des fils

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